“Il Tor des Géants 2017 non ha mantenuto tutte le sue promesse”

Riceviamo e pubblichiamo la lettera inviata a Alessandra Nicoletti da Arnaud Simard, uno dei senatori del Tor des Géants.
Arnaud Simard, senatore del Tor
I lettori di Aostasera, Speciale Trail, Sport

Lettera originale in francese (il testo tradotto in italiano è in fondo, ndr)

2010 : Nous sommes 350 à payer 300€ pour nous élancer dans l’inconnu : une course déraisonnable, 330km et 24.000m de d+ en une étape. Loin du tape-à-l’œil de l’UTMB, le Tor des Géants acquiert ses lettres de noblesse en une seule édition. Chaque coureur se sent unique, nous ressentons tous la même sensation : les habitants d’une vallée se lient pour nous pousser vers l’arrivée. A l’image de ce jeune restaurateur à Crest qui offre ses petits plats sans contrepartie ou encore cette petite mamie qui coupe des parts de tarte à la myrtille sur le bord du chemin. Cette course est unique, son ambiance incomparable…en arrivant à Courmayeur, nous comprenons le sens du « bon voyage » lancé par Silvano Gadin au lieu de l’habituel « bonne course » entendu sur tous les trails.

2017 : Nous ne sommes plus qu’une poignée de sénateurs à avoir terminé les 8 Tor des Géants. Nous avons payé 650€ pour vivre une nouvelle fois cette expérience toujours initiatique, somme que certains d’entre nous ne pourront plus se permettre de dépenser pour courir. Nous, sénateurs, avons été les témoins privilégiés de l’évolution du Tor des Géants.  Cette année, 850 coureurs sont au départ, combien d’entre eux veulent réaliser une performance ? Combien d’entre eux ont pour seule ambition de rejoindre Courmayeur ? Combien d’entre eux veulent vivre cette épreuve comme un voyage plutôt que comme une course ? L’image du Tor des Géants distillée par les participants et par l’organisation au cours de ces années est empreinte de partage, de rencontre, de solidarité, d’effort et de respect. Ces valeurs sont enfouies sous le marketing dans les autres grandes courses mais ces valeurs vivent sur le Tor des Géants, et nous venons les chercher.

Le Tor des Géants 2017 n’a pas tenu toutes ses promesses.

Les paysages sont toujours sublimes, le parcours est toujours exceptionnel et exigeant, l’effort est toujours intense et démesuré, les bénévoles sont toujours souriants et accueillants. Par contre le règlement de course et son application implacable par des commissaires de course zélés ont transformé le « voyage » en une course parfois ridicule, souvent frustrante.

Exit la petite mamie qui coupe des parts de tarte sur le bord du chemin. Son offrande est considérée comme un « ravitaillement sauvage » et le « compétiteur » qui se laisserait tenter serait passible d’exclusion de course. Haro sur les suiveurs qui osent frictionner les pieds ou les jambes de leur poulain…le règlement de course exclut les massages prodigués généralement par la personne qui a enduré les mois d’entrainement du coureur. La préparation d’une telle course implique, pour beaucoup de participants, tout l’entourage familial…et cet entourage n’est plus le bienvenu sur le Tor des Géants.

Cette année, j’ai vu des familles se faire expulser des abords de points de ravitaillement. J’ai vu des coureurs se cacher comme des voyous pour se faire masser par leur conjoint. J’ai vu des adultes faire le guet pour aller acheter une glace à Donnas. J’ai vu des commissaires mettre en garde des promeneurs contre l’accompagnement des coureurs. J’ai entendu des insultes s’échanger et vu des poings se lever…le manque de sommeil et l’effort enduré attisant les tensions. J’ai vu des coureurs abandonner la course juste par manque d’humanité et ras le bol de cette ambiance si éloignée de ce qu’ils attendaient. Et pourtant…je n’ai jamais été dans les 100 premiers, à mon niveau de course, gagner ou perdre quelques heures ne change rien à la compétition, et encore moins à la tête de course.

Mais ce qui m’a fait le plus mal, c’est ce jeune restaurateur de Crest qui m’a toujours offert le couvert et dont j’ai vu le mariage et la naissance des trois filles au cours de ces sept années…il m’attendait à Champoluc ce mercredi 13/09 à 16h30, il n’y avait personne au ravitaillement, je devais être 250ième, il m’a reconnu et s’est précipité pour me serrer la main accompagné de ses trois filles et de sa femme. Et toi, madame la commissaire de course, tu leur as interdit de me dire bonjour, tu les as éjectés de cet endroit vide en agitant ta carte de commissaire, tu m’as mis en garde contre une suspension de course, tu m’as interdit de boire un verre avec eux hors du ravitaillement. J’aurais pu, j’aurais dû, abandonner, déchirer ce bracelet de course qui ne représente plus rien…mais je perdais la légitimité de ma parole de sénateur du Tor des Géants. Alors j’ai continué en ressassant toutes ces questions :

Pourquoi détruire ce qui nous fait rêver ?

Pourquoi piétiner les valeurs qui nous unissent : effort, accueil, respect ?

Pourquoi continuer à communiquer sur l’hospitalité légendaire des valdôtains quand le règlement met hors course ceux qui y goutent ?

Pourquoi déshumaniser une course dont le plus grand attrait est justement l’humain ?

A toutes ces questions, la réponse donnée en leitmotiv est « équité entre les coureurs ». Cette prétendue équité n’existe pas. C’est un leurre. Il n’y aura jamais équité entre un coureur professionnel et un coureur amateur. Il n’y aura jamais équité entre un coureur avec un suiveur et un coureur autonome. Il n’y aura jamais équité entre un coureur connu du staff et un coureur anonyme.

Madame Nicoletti, vous remettez les dossards des quelques trente « coureurs élites » lors d’une fête médiatisée le samedi avant course pendant que les 800 autres coureurs attendent des heures pour récupérer le leur. Je vous propose de continuer dans cette distinction de classe et de ne cesser d’appliquer un règlement rigide pour ces quelques élites et autres coureurs compétiteurs qui pourront ainsi se battre sur des bases équitables. Par contre, soyez magnanime et abolissez ce règlement incohérent pour les autres trailers. Je vous suggère la création d’une catégorie « compétition » assujettie à un règlement strict (avec classement à l’arrivée) et une catégorie « populaire » assujettie uniquement aux règles de sécurité et aux barrières horaires (sans classement à l’arrivée). Chaque coureur aurait ainsi le choix de vivre la course qu’il souhaite, avec ou sans pression du règlement et du classement. Lors des arrivées successives, vous remarquerez que le classement n’a d’importance que pour les premiers. Mais très vite, seul le chronomètre compte. Le coureur dont le rêve est de franchir la ligne d’arrivée est en compétition contre lui-même et contre les barrières horaires, pas contre les autres coureurs. Une catégorie « populaire » avec chronométrage mais sans classement permettrait de renouer avec une épreuve humaine et fondamentalement tournée vers la rencontre avec ce merveilleux Val d’Aoste et ses habitants.

Madame Nicoletti, soyez aussi novatrice qu’à la naissance du Tor Des Géants et aussi pugnace que dans la guerre avec le 4K, imposez une vision non uniquement compétitive du trail d’endurance, vous serez alors suivie comme nous vous avons suivie en 2016 lorsqu’il a fallu choisir entre Tor des Géants et 4K.

Si ma façon de penser est désuète dans notre société, je sais, par contre, qu’elle est basée sur des valeurs durables. Le Tor des Géants mérite d’être beaucoup plus qu’un simple objectif de course, il a besoin d’humanité et pas uniquement de performance.

Tâchez d’entretenir le rêve et l’aura du Tor des Géants.

Arnaud Simard
Sénateur du Tor des Géants

La lettera tradotta in italiano

2010: Siamo in 350 a pagare 300€ per avventurarci nell’ignoto: una corsa irragionevole, 330km e 24.000m di d+ in una sola tappa. Lontano dalle ostentazioni dell’UTMB, il Tor des Géants acquisisce i suoi tratti di nobiltà in una sola edizione. Ogni corridore si sente unico, viviamo tutti le stesse sensazioni: gli abitanti di una valle si legano per spingerci verso l'arrivo. Come un giovane ristoratore a CREST che offre i suoi piatti senza voler nulla in cambio o anche la piccola nonnina che offre fette di crostata al mirtillo a bordo sentiero. Questa corsa è unica, il suo ambiente incomparabile… arrivando a Courmayeur, noi comprendiamo il senso del “buon viaggio”, lanciato da Silvano Gadin invece dell’abituale “buona corsa” che sentiamo ad ogni trail.

2017: Siamo rimasti soltanto un pugno di senatori ad avere terminato gli 8 Tor des Géants. Abbiamo pagato 650€ per vivere di nuovo quest'esperienza sempre iniziatica: una somma che alcuni fra noi non potranno più permettersi di spendere per correre. Da senatori, siamo stati i testimoni privilegiati dell'evoluzione del Tor.  Quest'anno 850 corridori sono alla partenza, quanti tra loro vogliono ottenere una buona prestazione? Quanti tra loro hanno come sola ambizione quella di raggiungere Courmayeur? Quanti tra loro vogliono vivere questa prova come un viaggio piuttosto che come una corsa? L'immagine del Tor distillata dai partecipanti e dall'organizzazione nel corso di questi anni è impressa di condivisioni, incontri, solidarietà, fatica e rispetto. Questi valori sono nascosti sotto il marketing nelle altre grandi corse ma questi valori vivono ancora nel Tor, e così veniamo a cercarli.

Il Tor 2017 non ha mantenuto tutte le sue promesse.
I paesaggi sono sempre sublimi, il percorso è sempre eccezionale ed esigente, lo sforzo è sempre intenso e smisurato, i volontari sono sempre sorridenti e disponibili. Invece il regolamento di corsa e la sua applicazione implacabile da parte di commissari di corsa zelanti hanno trasformato “il viaggio„ in una corsa a volte ridicola, spesso frustrante.

Basta con la piccola nonna che offre fette di crostata a bordo sentiero. La sua offerta è considerata come “un ristoro selvaggio„ e l’atleta che si lasciasse tentare sarebbe suscettibile d'esclusione dalla corsa. Basta con i tifosi che osano sfregare i piedi o le gambe dei protetti… il regolamento della corsa esclude i massaggi prodigati generalmente dalla persona che ha sopportato e supportato i mesi d'addestramento del corridore. La preparazione di tale corsa richiede, per molti partecipanti, tutto l'entourage familiare…e questo entourage non è più il benvenuto al Tor.

Quest'anno, ho visto famiglie farsi espellere dai punti di ristoro. Ho visto corridori nascondersi come monelli per farsi massaggiare dal loro coniuge. Ho visto adulti fare i “pali” per andare a comperare un ghiacciolo a Donnas. Ho visto commissari mettere in guardia alcune persone che passeggiavano sull’irregolarità dell'accompagnamento ai corridori. Ho sentito scambi d’insulti e pugni alzarsi… con la mancanza di sonno e lo sforzo ad alimentare le tensioni. Ho visto corridori abbandonare la corsa proprio per mancanza d'umanità ed esasperazione per un ambiente divenuto ormai così distante da ciò che si aspettavano. E tuttavia… non sono mai stato nei primi 100, al mio livello di corsa guadagnare o perdere alcune ore non cambia nulla per la competizione, e ancora meno alla testa della corsa.

Ma ciò che mi ha fatto più male, è questo giovane ristoratore di Crest che mi ha sempre offerto aiuto e di cui ho visto il matrimonio e la nascita delle sue tre figlie nel corso di questi sette anni… mi aspettava a Champoluc questo mercoledì 13/09 alle ore 16:30: non c’era nessuno al ristoro,  ero intorno alla 250° posizione, mi ha riconosciuto e si è precipitato per stringermi la mano accompagnato dalle sue tre figlie e da sua moglie. E tu, signora commissario di corsa, hai proibito loro di salutarmi, li hai mandati via da quel posto vuoto sventolando il tuo tesserino da commissario, e poi hai minacciato di squalificarmi, mi hai proibito di bere un bicchiere con loro fuori da rifugio. Avrei potuto, avrei dovuto, abbandonare, strappare il braccialetto che ormai non rappresenta più nulla… ma così avrei perso la legittimità della mia parola di senatore del Tor. Allora ho continuato ripetendomi tutte queste domande:

Perché distruggere ciò che ci fa sognare?
Perché calpestare i valori che ci uniscono: fatica, accoglienza, rispetto?
Perché continuare a parlare dell’ospitalità leggendaria dei valdostani quando il regolamento esclude chi vuole gustarsela?
Perché disumanizzare una corsa la cui più grande attrazione è proprio l'umanità?

A tutte queste domande, la risposta data è sempre la stessa: “equità tra i tutti concorrenti”. Questa pretesa equità non esiste. È un'esca. Non ci sarà mai equità tra un corridore professionista e uno dilettante. Non ci sarà mai equità tra un corridore con un accompagnatore e uno autonomo. Non ci sarà mai equità tra un corridore conosciuto dallo staff e uno anonimo.

Signora Nicoletti, consegnate i pettorali dei circa trenta “top runners” in occasione di una festa diffusa attraverso i mass media il sabato che precede la gara mentre gli altri 800 corridori attendono ore per recuperare il loro. Vi propongo di continuare con questa distinzione di classe e di non cessare di applicare un regolamento rigido per questa élite e per gli altri corridori che potranno così battersi su basi eque. Invece, siate magnanimi e abolite questo regolamento incoerente per gli altri trailers. Vi suggerisco la creazione di una categoria “competizione„ sottoposta a un regolamento rigoroso (con classifica all'arrivo) e una categoria “popolare„ sottoposta soltanto alle regole di sicurezza e alle barriere orarie (senza classifica all'arrivo).

Ogni corridore avrebbe così scelta di vivere la corsa che desidera, con o senza la pressione del regolamento e della classifica. In occasione degli arrivi successivi, osserverete che la classifica ha un'importanza soltanto per i primi. Ma molto rapidamente, solo il cronometro conta. Il corridore che sogna solo di superare la linea d'arrivo è in competizione contro se stesso e contro le barriere orarie, non contro gli altri corridori. Una categoria “popolare„ con cronometraggio ma senza classifica permetterebbe di ritornare ad una prova più umana e fondamentalmente orientata ad un ricongiungimento con questa Valle d'Aosta meravigliosa e con i suoi abitanti.

Signora Nicoletti, siate innovatrice come alla nascita del Tor des Géants e così pugnace come nella guerra con il 4K, imponete una visione non soltanto competitiva dell’endurace trail, sarete quindi seguita come abbiamo fatto nel 2016 quando è stato necessario scegliere tra Tor e 4K.

Se il mio modo di pensare è desueto nella nostra società, so, invece, che è basato su valori duraturi. Il Tor merita di essere molto più di un semplice obiettivo di corsa, ha bisogno d'umanità e non soltanto di prestazioni. Fate in modo di mantenere vivi il sogno e l’aura del Tor des Géants.

Arnaud Simard
Senatore del Tor des Géants

0 risposte

  1. Bellissima riflessione che mi trova emozionato e completamente d’accordo. La distinzione tra i due gruppi renderebbe giustizia e darebbe onesta’ a tutti i partecipanti che dicono ” lo faccio solo per me, della classifica non mi importa”…
    E poi aggiungerei, per tutelare i competitivi, lo vogliamo fare un bel test antidoping almeno ai primi 3? Si vocifera che molti partecipanti fanno di tutto per “arrivare in fondo”, prendiamoci cura di questi incredibili sportivi, lo meritano.

  2. Arnaud hai ragione. Ero iscritto ma non ho mai corso il tor. Ritengo comunque perfetta la definizione del “lungo viaggio”, della gara contro te stesso per arrivare e non per il tempo che per noi umani significa solo passare indenne ai cancelli orari. E non è poco. anzi

  3. Il bello del trail e sentire il calore che ti sta intorno ho fatto il tot dret mi sono sentito una seconda scelta fatta x aumentare introiti capisco il senatore detto da lui bisogna credere non rovinate un sogno

  4. Per me ogni gara deve essere considerata come il pensiero di Arnaud.
    Con questa mentalità le persone che cominceranno a correre saranno sempre di più!!

  5. Sono affascinato dal Tor che considero non una gara, ma un viaggio e penso che quello che Arnaud sia giusto!!
    È bello gustarsi la partecipazione della Gente della Valle!!!
    Come hanno inserito l’uso dei ramponcini per la sicurezza non vedo perché non si dovrebbe lasciare che le tante persone sul percorso non possano essere di conforto per i concorrenti soprattutto se fanno parte della pancia del gruppo!!!
    Ache le emozioni trasmesse dal Grande Silvano Gadin sul Malatra’ sono fuori regola????

  6. Condivido in pieno questo ragionamento speriamo che siano così umili e sensati da seguirlo !

  7. Condivido la lettura del senatore Simard: L’abisso, anche “filosofico”, fra top runner e amatori, deve essere sancito e accolto. Altrimenti sono a rischio i valori del Tor, anche per i semplici tifosi e volontari del territorio.

  8. Condivido la lettura del senatore Simard: L’abisso, anche “filosofico”, fra top runner e amatori, deve essere sancito e accolto. Altrimenti sono a rischio i valori del Tor, anche per i semplici tifosi e volontari del territorio.

  9. Semplicemente assurdo, io vengo dalla corsa su strada è pratico ultre trail da 1 anno, ho lasciato la corsa su strada per la rigidità di alcuni regolamenti che ritengo assurdi, io personalmete sono affascinato da questa gara è non lo so se avro mai il privileggio di partecipare vista la rigida selezione, sono vicino al cuore pulsante degli atleti non top se cosi posso esprimermi. è agli ottimi organizzatori dico non toglietici i sogni!!!!!!

  10. Bellissima lettera. Parole sagge che condivido pienamente

  11. Sottoscrivo , approvo sono completamente della stessa idea.
    Ho passato giornate meravigliose accompagnando , in tappe diverse amici sportivi , con questo regolamento troppo di gara il Tor ha perso il suo fascino , quello di far sognare ciascuno di noi di essere per qualche giorno complici di momenti straordinariamente belli condivisi fra tutti abitanti , turisti e appassionati .

  12. Concordo su tutto ma dato che c’è il cronometraggio la classifica è di conseguenza quindi perché no.

  13. Sono,pienamente d’accordo con quanto detto da Arnaud Simond.
    Giusto essere rigidissimi sui top runner e lasciar vivere la corsa agli amatori.

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