Les devoirs du journaliste racontés par Jean Kouchner

Le thème de l'indépendance des médias a été débattu par le journaliste français, qui a lancé une mise en garde contre certaines dérives des professionnels de l'information.
Jean Kouchner
Società

"Dans un siècle où la puissance de la technologie explose, et où la communication en temps réel rejoint les quatre coins du monde, les journalistes ont toujours moins le temps et l’habitude de prendre du recul face au flux de nouvelles qui les submerge, et qu’ils dirigent directement vers le consommateur: ils risquent de devenir des ‘fonctionnaires de l’information". Cette mise en garde a été lancée vendredi soir, dans la salle des conférences de la bibliothèque régionale, par le journaliste français Jean Kouchner.

Kouchner, qui est également professeur à l’université de Montpellier 1 et consultant international, invité à Aoste par la section valdotaine de l’Union internationale de la Presse francophone, a proposé au public a réfléchir sur cette question:"Un journaliste peut-il être indépendant?".

Après avoir raconté les origines historiques de la presse française, le journaliste a décrit la chute de crédibilité qui frappe le monde des médias, au milieu d’une parabole descendante. "Selon un sondage effectué en janvier 2008 par Tns-Sofres – il a souligné –  le 57% des français estiment que les journalistes ne sont pas indépendants face aux pressions des partis politiques et du pouvoir, et le 54% ne les croit pas capables de résister aux pressions de l’argent. La situation, dans les autres pays, Italie comprise, ne doit pas être beaucoup plus encourageante".

Les responsabilité de cette débâcle sont partagées. "Une poignée de grands groupes, comme par exemple Socpresse, Lagardère Média, Prismapress, le groupe Le Monde, Amaury, ont le monopole de l’information, ce qui met en danger l’indépendance des médias face au pouvoir économique mais aussi politique, car ces deux dimensions s’entremêlent plus que jamais".

Il y a, après, la concurrence de internet et de la presse gratuite. "Face à ces deux nouveaux acteurs, les médias ont réagi en investissant sur le marketing et la publicité, et non pas sur la qualité. La masse salariale des rédactions, c’est-à-dire les journalistes, ont diminué de 20% en dix années".

Le vrai journalisme se tient, selon Jean Kouchner, à quatre principes fondamentaux.
Le premier est l’indépendance des journalistes face aux pouvoirs économique et politique, mais aussi, par exemple, aux pression des propriétaires de la presse. "Il faut relater les faits, rient d’autre que les faits, après les avoir vérifiés. L’objectivité n’existe pas, bien sur, mais il faut y tendre, être les plus impartials possible".

Le deuxième point concerne l’incorruptibilité du journaliste. "Cela peut arriver qu’on achète un journaliste, ou un article. Mais parle surtout d’une forme de corruption beaucoup plus subtile et insidieuse, qui dérive de la fréquentation assidue de certains milieux. Les journalistes enchaînent les conférences de presse, et côtoient, jour après jour, des hommes politiques, des industriels, des hommes de pouvoir. Une certaine familiarité s’installe, on commence à se tutoyer, on déjeune ensemble. Dans cette situation, un journaliste peut être amené, même sans s’en rendre compte, à occulter ou minimiser des faits négatifs qui concernent tous ces gents qu’il fréquente".

Le troisième principe est celui de la responsabilité. "Un journaliste a des devoirs de vérité et de témoignage majeurs par rapport aux autres citoyens. Mais il doit s’imposer des limites, notamment à l’encontre de la vie privée des personnes".

Le quatrième point est relatif au pluralisme. Le regard d’un journaliste n’est pas exempt de subjectivité, chacun voit la réalité à sa façon, et possède sa façon de la raconter. "Il faut assurer une authentique pluralité des opinion à l’intérieur des rédactions, et dans le panorama des média. Il faut que chaque fraction de l’opinion publique soit représentée".

Enfin, pour améliorer l’état des choses, Jean Kouchner a proposé de faire comme en Québec: la-bas, chaque année, un «Comité de presse» composé de citoyens, associations, journalistes, écrit un rapport qui dénonce les erreurs et les omissions plus ou moins graves dont la presse s’est rendue coupable. Aucune sanction n’est prévue, mais à chaque les media attendent avec anxiété ce verdict annuel. "On est au service des citoyens – a conclu Kouchner – et c’est à eux qu’on a des comptes à rendre".

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